Vagues et tourbillons, kanze mizu
L’impression sur tissu à l'aide d'un pochoir en papier washi (à base de mûrier) se répand dans l’archipel dès l’époque de Kamakura (1185-1333) mais la technique n’est parfaitement maîtrisée qu'à l’époque d’Edo. Ces modestes feuilles de papier brun-noir qui frappent par la beauté des motifs, sont composées de plusieurs épaisseurs de papier collées ensemble et teintées au jus de kaki (kakishibu), riche en tannin. Les motifs sont dessinés puis soigneusement découpés à la main, une technique qui demande une incroyable habileté et un savoir faire indéniable.
Le motif stylisé en forme de lignes courbes et de tourbillons qui orne ce pochoir est un des principaux motifs symbolisant l'eau. Les vagues sont représentées légèrement aplaties et étirées en longueur et avec des tourbillons ajoutés. Le nom de kanze-mizu fait référence à un des fondateurs de l'école de théâtre no Kanze-ryû qui avait repris ce motif comme kamon familial. On retrouve déjà ce motif tout en courbes sur les cloches en bronze (dôtaku) de l'époque Yayoi et l'on peut affirmer que ce design fait partie intégrante de l'histoire du Japon. La popularité de ces formes simples et gracieuses s'est amplifiée avec le temps et c'est vers la fin de la période d'Edo qu'elles connaitront une vogue sans précédent. En effet, un acteur de kabuki eut la brillante idée de s'en servir pour orner un de ses costumes de scène ce qui provoqua auprès du public un extraordinaire engouement qui se répandit largement dans la société car à cette époque, les acteurs de kabuki et les courtisanes étaient les "influenceurs" de nos jours dans le domaine de la mode en particulier.
Le motif peut-être représenté seul ou associé à des fleurs ou des plantes saisonnières (fleurs de cerisier ou feuilles d'érable). Ici, il s'agit de petits oeillets (nadeshiko) à moitié dissimulés au centre des tourbillons. Ils n’ont pas de signification particulière mais sont liés à une représentation de la femme japonaise idéale selon les critères d'autrefois, yamato nadeshiko (Yamato désignant la région de l’ancienne capitale Nara fait référence au Japon historique), une femme à la fois belle, intelligente, douce et forte !
Les katagami ont inspiré non seulement l’Art nouveau, mais aussi bien des aspects du style Art déco des années 1925 et, bien au delà, d’innombrables décors qui nous sont encore familiers mais dont l’origine japonaise a été oubliée.
Bon état de l'ensemble . Travail minutieux et soigné réalisé par des artisans talentueux. Années Taishô (1912-1926).
⭕️ La présence de petits trous ou d'indications au crayon sur les bords des katagami est normale car avant d'être des objets décoratifs, ce sont avant tout des outils utilisés au quotidien par les artisans-teinturiers.
⭕️ Ces objets anciens sont fragiles et demandent à être manipuler avec soin.
⭕️ Livré sous tube postal.
⭕️ Ces katagami font aussi de jolies décorations murales (sous cadre pour les protéger) et les filets sont souvent utilisés pour orner des abat-jour, mais là, un peu d’expérience s’impose.